La Pépinière numérique répond à des enjeux d’évolution des pratiques au service de la transition numérique et écologique. Elle a été pensée pour soutenir l’innovation et les remontées des besoins de terrain en interne à INRAE. On se retrouve dans un changement de façon d’aborder les problématiques concrètement en couvrant plusieurs domaines :

• Frugalité
  « La science frugale est un état d’esprit : voir les ressources disponibles non comme une contrainte mais comme une opportunité, et envisager le partage comme une condition indispensable à l’enrichissement. Il ne s’agit en aucun cas de science au rabais, mais de science durable, accessible et pluridisciplinaire. »[Source, consultée le 9/01/2025]
  Dans le cadre de la Pépinière Numérique cela se matérialise par une réflexion sur le fait d’adapter les machines, accessoires ou objets à la recherche pour ne pas avoir à adapter les recherches aux machines disponibles. De plus l’utilisation et la collecte de données vont être réfléchies pour être dimensionnées au besoin effectif. Et enfin, il s’agit d’utiliser des outils et matériaux dont le coût est accessible sans avoir un gros budget. Cette approche permet de concevoir des prototypes et outils complètement adaptés au besoin.
• Prolongation de la durée de vie des matériels :
  Réparer est important et utile, en particulier pour des outils de recherche qui parfois ne sont plus fabriqués ou pour lesquels les pièces détachées ne sont plus disponibles. Il faut cependant rester attentif à la sécurité. On ne répare pas un matériel sous garantie ou un dispositif de sécurité et on s’assure du type de matériaux choisis. Ceci afin de garantir la sécurité des utilisateurs et la fiabilité des résultats.
• Production de petites séries localement :
  Pourquoi commander 2000 cuillères en plastique à l’autre bout du monde quand on en a besoin que de 30 ? La Pépinière Numérique met à disposition les moyens pour prototyper des objets et les produire en petites séries.
• Approche sociale
  Installer des capteurs permet moins de déplacements et des dispositifs peu gourmands en électricité et stockage de données Par ailleurs, imaginer des objets ergonomiques pour faciliter le travail et le rendre moins pénible est une approche complémentaire.

Enfin les agents impliqués mettent à disposition leurs projets en intranet voire sur Internet, ce qui permet une diffusion, voir des collaborations, à l'échelle mondiale et une possibilité de reproduction partout dans le monde où des outils de fabrications numériques sont disponibles.
Dans beaucoup de projets ces domaines se croisent, quelques exemples sont compilés dans le Tableau 1.

Tableau 1. Exemples de réalisations (liens accessibles uniquement en intranet ou VPN INRAE si hors site)

Controverse sur l'usage du plastique

L’impression 3D peut poser des questions environnementales, en effet, il s’agit de faire fondre du plastique que l’on va acheter souvent en bobines « neuves » chez un fournisseur. Finalement est-ce qu’on ne finirait pas par avoir un impact plus négatif que positif ?
Il existe une solution de recyclage de plastiques par extrusion mais le coût d’une machine à extruder de qualité garantissant du filament de qualité est assez élevé et ne justifie pas un achat interne.
C’est pourquoi, il s’agit de regarder la composition des fils et leur origine. Nous privilégions des entreprises qui fabriquent en France (comme Francofil ou Nanovia par exemple). Ceci garantit plusieurs points : un trajet limité des matières premières, le respect de normes européennes de fabrication et des aspects sociaux pour les employés qui travaillent en France.
Ensuite, selon le type de fabrication, nous sommes attentifs à choisir le produit adapté pour qu’il soit durable. Par exemple le PLA est un des matériaux les plus utilisés et il est biosourcé et biodégradable. L’ABS va tenir à la chaleur, idéal pour les expériences en environnement chaud ou la désinfection. [Source , consultée le 6/01/2025]
Comme lorsque l’on choisit de reproduire ou non une pièce en 3D ou de collecter des données, il s’agit de se poser les questions : quel matériau pour quel usage durable ? Est-ce qu’il est utile/efficace de reproduire cette pièce ?

Conclusion

La Pépinière Numérique a été pensée pour soutenir l’innovation autour du numérique. Elle a émergé en même temps que les problématiques RSE ont pris de l’ampleur. Elle présente une organisation intéressante pour soutenir la réponse à ces questions. Aujourd’hui elle participe à l’innovation via le prototypage. Au-delà elle contribue à la découverte, l’apprentissage autour de ces technologies qui peuvent permettre de servir les enjeux RSE de l'institut.

Références bibliographiques

Gershenfeld, N., Gershenfeld, A., & Cutcher-Gershenfeld, J. (2017). Designing Reality : How to Survive and Thrive in the Third Digital Revolution. Hachette UK.
INRAE. (2020). INRAE 2030. Partageons la science et l’innovation pour un avenir durable (48 p.). INRAE. Disponible sur : https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/INRAE2030-FR.pdf